Bon je reviens enfin vers vous un petit coup, histoire de remettre les pendules à l'heure.
En parlant de ça il fait une heure de moins chez moi.
Et de plus, il fait nuit à 18h, presque toute l'année. Il peut parfois faire jour jusqu'à 19h45. Mais maxi. Et minimum 17h30. Alors tu pleures quand la nuit tombe à 16h30 en hiver mais quand même c'est la joie de voir le soleil se coucher à 22h l'été !
Je vis maintenant à Ouaga depuis plus de 3 semaines, je ne peux compter le nombre de sandwich à l'omelette que j'ai mangé au kiosque du coin, le matin au petit déjeuner, en écoutant les tubes musicaux africains ou alors en regardant une série nigérienne qui vaut son pesant d'or. Remplie de mysticisme, d'adultère, de malédictions et de jalousie.
J'ai enfin acheté un vélo.
« Ouéfo »
Alors je peux maintenant me déplacer dans le quartier toute seule. Aller faire quelques courses, aller manger un peu plus loin, visiter le quartier, me faire des petites excursions de découverte des 6 mètres… et essayer de me repérer dans cette ville où les rues ont des noms mais personne ne les connaît alors on se repère grâce à une station service, à un certain maquis (bar) ou un magasin quelconque. On nomme une route goudronnée « un goudron » et une rue en terre « un 6 mètre ». Ce qui donne par exemple :
- Tu habites où ?
- Tu vois l'échangeur de Bobo ? Tu prends le nouveau goudron et tu tournes à la station Total. Tu prends le 3ème 6m à droite puis tu tournes à gauche au niveau du maquis. J'habite deuxième porte.
Et je te dis pas le nombre de stations service et de maquis qui existent…
Je suis sortie ce week end dans un bar, « Le petit Bazar » en centre ville (quartier de Koulouba). Bar tenu par deux européens et réputé par conséquent d'être fréquenté majoritairement par des expatriés. Ils ont organisés deux soirées pour marquer leur fermeture. En effet après 4 ans d’existence à promouvoir des jeunes groupes de musique, amateurs et pros, ils participaient à l'émancipation de la culture et de la musique live à Ouagadougou où le play-back est beaucoup plus fréquent. Je me suis donc rendue là-bas, ce qui m'a permis de danser sur de l'électro et de la dubstep (pour changer un peu du coupé décalé), de boire une bière hors de pris (en comparaison aux maquis de quartier), et surtout de me rendre compte de la quantité de « nassara » qui vivaient dans cette ville.
Je perçois au fur et à mesure le véritable dynamisme culturel et artistique qui existe dans ce pays. Il y a sans arrêt des festivals (je m'y perds vraiment), des spectacles dans différents lieux, des concerts, des expositions,… Des centres culturels fleurissent où s'organisent des créations théâtrales, scénographiques ou musicales. Les échanges sont nombreux entre les artistes ouagalais, de Bobo Dioulasso, de Boromo ou Banfora mais aussi d'Europe.
J'ai en effet déjà vu plusieurs spectacles. L'histoire du peuple Baloué en marionnettes, spectacle jeune public. Puis Les Grandes Personnes de Boromo, marionnettes géantes. Le Kokono zaz, groupe de musique dont les instruments sont tous issus de la récup. On l'appelle « le roi des poubelles ». Le collectif de slam « Qu'on sonne et voix ailes ». Du régal poétique et bien envoyé. Ou encore Doueslik, l'architecte de la pensée qui fait du slam accompagné de son groupe de rock. Aiyana.
Je suis allée voir un spectacle l'autre soir « Façon d'aimer » joué par deux comédiennes. Spectacle en plein air bien évidemment, tout se passe en plein air sinon on serait déjà tous décédés dans notre transpiration et celle du voisin. Spectacle qui retrace la vie d'une femme alors jugée parce qu'elle est coupable d'avoir tué son mari. En retraçant l'histoire de sa vie elles abordent la condition de la femme en Afrique et tous les préjugés qui existent autour du comportement qu'elle peut avoir et qui n'est pas forcément accepté et compris, le mysticisme qui existe (existait?) autour de la main gauche et la condition de l'Africain dans le monde.
Décidément, on se battra toujours dans le monde entier contre des traditions qui n'ont plus de sens, pour l'émancipation des femmes et de l'être humain en général.
J'ai eu la chance d'assister à un mariage cette semaine mais nous sommes allés saluer et apporter notre soutien aux voisin ce matin dont le vieux est parti.
Emmanuel Macron aurait insisté pour boire une bière dans un maquis, au Rolls, lors de sa visite. Autant vous dire qu'il a réussi à faire son show.
Sinon vous saviez que Victor Demé était burkinabè et venait de Bobo Dioulasso ?